Louis Guédet
Dimanche 5 mars 1916
540ème et 538ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Nuit de bataille, on dort mal, étant toujours en éveil… de l’obus à… venir. Beau temps le matin, devenu gris et froid l’après-midi. Travaillé, écrit. Vu Charles Heidsieck avec qui j’ai causé de choses et d’autres, rien de saillant. Sa fille Madame René Ernoult est à Paris, venue d’Angleterre pour voir son mari qui devait avoir une permission, mais… contrordre, il fallait filer sur Verdun. Journée longue et lourde à passer. Reçu une lettre de ma pauvre chère femme, de plus en plus triste. Mon Dieu, quand donc tout cela sera fini et que nous serons enfin réunis. Le martyre est trop long, aussi bien pour elle, les pauvres petits que pour moi. Aurons-nous jamais la récompense de tout ce que nous aurons souffert. J’en doute.
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Dimanche 5 – Nuit tranquille ; journée item, sauf quelques coups de canon. Visite de M. Abelé et de M. Ch. Heidsieck; température 0 ; beau soleil ; vent du nord.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Dimanche 5 mars
En Artois, une attaque de l’ennemi (Neuville à la Folie), a été repoussée. En Argonne, nous canonnons (sud-est de Vauquois) les organisations allemandes. Autour de Verdun, canonnade violente sur la rive gauche de la Meuse (cote 304 et côte de l’Oie). Sur la rive droite, l’ennemi, après avoir dirigé un bombardement intense à l’est de la côte du Poivre, a lancé une attaque que nos feux ont arrêtée. On continue à se disputer le village de Douaumont où tantôt les uns et tantôt les autres reprennent pied. Canonnade en Woëvre. En Lorraine (étangs de Thiaville), nous enlevons plusieurs éléments de tranchée, après une préparation d’artillerie. Les Russes se sont emparés de Bitlis, en Arménie (entre Erzeroum et Diarbékir). Le sénat américain, par 68 voix contre 14, a repoussé les motions pro-germaines relatives aux navires armés, que le président Wilson avait combattues.