Paul Hess
25 décembre 1915
Deuxième fête de Noël passée tristement à Reims, dont l’aspect est de plus en plus désolé.
— Bombardement vers le dépôt du chemin de fer. De 450 à 500 obus tombent l’un après l’autre, à intervalles réguliers, dans les parages de la rue de Brimontel.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Samedi 25 – NOËL – Nuit tranquille. + 7 degrés – temps nuageux et pluvieux. J’ai entendu siffler et éclater un obus. Vêpres à Sainte-Geneviève. Mgr Neveux célèbre la Messe Pontificale de Noël à Épernay.
Lettre à Mgr l’Évêque d’Angers (Recueil, p. 41).
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Juliette Breyer
Noël 1915. Je suis un peu moins découragée que l’année dernière. J’ai plus d’espoir. Je vis en ce moment avec l’idée que je recevrai bientôt de tes nouvelles. C’est une idée fixe, un pressentiment si tu préfères. Mais malgré cela, aujourd’hui ma pensée ne te quitte pas. Si tu étais parmi nous, quelle fête que nous ferions avec nos deux petits !
André est un petit homme. Il aura de la volonté ; ce sera un chercheur. Je lui vois un avenir rempli de beau travail. Blanchette, elle est déjà d’une intelligence au-dessus de son âge. Elle a une adoration pour ton portrait. Que nous serions heureux et fiers d’avoir de si beaux petits. Si tu entendais André quand il dit : « Tu verras ma soeusoeur, quand mon tit papa viendra on ira se promener. Tu ne le connais pas mon papa mais il te fera un bon bec ».
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
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Samedi 25 décembre
Lutte d’artillerie très vive en Belgique; notre feu a dispersé de l’infanterie allemande qui se rassemblait dans les tranchées et les boyaux de la région de Lombaertzyde.
Nos batteries ont démoli un ouvrage allemand, entre Somme et Oise, à l’ouest de Lassigny, et endommagé la tour Roland.
Sur la rive sud de l’Aisne, près de Berry-au-Bac, nous avons fait jouer deux camouflets qui ont bouleversé les travaux de l’ennemi.
A l’Hartmannswillerkopf, l’ennemi après un violent bombardement, a prononcé une attaque sur tout le front de nos positions conquises entre le sommet et les abords de Wattwiller. Il a été partout repoussé.
Pas de changement sur le front balkanique. Les travaux de fortification se poursuivent autour de Salonique. La frontière grecque n’a pas encore été franchie par nos adversaires.
Aux Dardanelles, notre artillerie lourde a contrebattu les positions ennemies.
Les Italiens ont procédé à un bombardement intense dans la région de Tolmino.
M. Gounaris se montre peu pressé de reprendre le pouvoir à Athènes. On parle d’une démobilisation partielle de l’armée grecque.
Source : La Grande Guerre au jour le jour