18 décembre 1915
Mon cher camarade,
tu excuseras mon retard pour te faire réponse. Depuis ton départ, nous n’avons pas eu une minute à nous.
Le bataillon, à sa sortie des tranchées était éparpillé un peu partout.
Un compagnie à Montchenot, deux à Verzenay, une à Rilly.
Moi et François avons passé 3 jours de suite à Mailly, impossible de te voir. Nous avons bien regretté.
Maintenant, tout le bataillon est ici.
A part çà, rien de nouveau, sauf que tous les matins, François ne peut plus dire « allons Minault lève-toi », et c’est moi qui supporte tout.
Malgré cela, de temps en temps, nous buvons une coupe de champagne à ta santé car il ne se passent pas de jours sans qu’il soit question de toi.
Au revoir, mon vieux camarade, et crois dans la sincérité d’un ami qui ne t’oubliera jamais.
(signature illisible)

PS: François t’écrira demain car aujourd’hui, il a « la gueule de bois », il te souhaite bien le bonjour, à

bientôt de tes nouvelles.

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Quant au visuel de la carte, encore et toujours des ravages.

Nous sommes ici Rue de l’Université, avec un commerce que nous connaissons bien à Reims, les Grands Magasins de Vêtements Gillet-Lafont qui, après la guerre, s’installeront rue de Talleyrand.

Une autre carte postale du même lieu nous apprend que ces destructions sont dues principalement aux bombardements du 18 septembre 1914, soit un peu plus d’un an avant l’envoi de ce courrier.

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Pour ceux qui ne reconnaîtraient pas la rue de l’Université, il s’agit ici de la partie qui arrivait Place Royale, dont on reconnaît l’architecture bien spécifique. Aujourd’hui, c’est la rue du Grand Credo, la rue de l’université a été raccourcie et s’arrête au niveau de la bibliothèque Carnegie.

Ci-dessous, une autre photo du magasin, prise depuis la Place Royale… dont il ne reste que la façade.

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