Louis Guédet

Samedi 2 octobre 1915

385ème et 383ème jours de bataille et de bombardement

4h soir  Nuit assez agitée, par la fusillade et la canonnade. Du côté de l’ennemi, vers 2h du matin il nous a été envoyé des bombes qui aussitôt leur éclatement se mettaient en plus à crépiter comme un paquet de pétards ou de crapauds. Je me demande ce que cela peut bien être. Vu au Palais vers 10h M. Creté qui m’a raconté que M. Delaunay, juge d’instruction, s’était engagé comme infirmier !!!  Cet après-midi audience solennelle d’ouverture des séances du Tribunal Civil pour 1915 – 1916. A 2h, 23 ter route de Paris. Président Hù, assesseurs Bouvier vice-président, Creté juge, Bossu, Procureur de la République, Villain greffier (père de l’assassin de Jean Jaurès) et Jonval commis greffier.

Présents Texier juge, Régnier sous-préfet, Guédet juge de Paix, Dondaine, avoué, Dupont-Nouvion, avocat, Landréat greffier suppléant de Paix, Beaudot et Minet, Huissiers, Touyard concierge.

2 ou 3 affaires de correctionnelles, où se montre toujours la lutte des guelfes et des gibelins entre Procureur, Président et juges ! et avocat !!! Quelle comédie ! M. Bossu, Procureur m’annonce que je suis définitivement titularisé comme suppléant de la justice de Paix du 3ème canton de Reims, en remplacement de Chappe !! Qui m’eut dit cela il y a un peu plus d’un an le 2 septembre quand je le voyais (Chappe) filer vers des lieux plus cléments que le ciel de Reims !!! Ainsi vont les choses, les événements ! Sic transit Gloria Mundi (Ainsi passe la Gloire du Monde) !

Bref de tout cela je dois me tenir à l’écart prudemment, car je n’ai à prendre part ni pour l’un ni pour l’autre, et cependant, le plus crâne est notre procureur de la République, qui tient bon et qui veut que tout le monde reste à son poste ! Ce qu’on ne lui pardonnera pas !! Le Président Hù m’a semblé fatigué !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

 Paul Hess

Nous lisons dans Le Courrier; le compte-rendu d’une réunion du conseil municipal qui a eu lieu avant-hier, à 15 heures, sous la présidence du Dr Langlet, maire, à laquelle assistaient : MM. Ba­taille, de Bruignac, Em. Charbonneaux, Chezel, Demaison, Pierre Lelarge, Gougelet, Guernier, Ch. Heidsieck, Gustave Houlon et Jallade, faisant fonctions de secrétaire.

Le Courrier donne également aujourd’hui une courte rela­tion de la bataille de Champagne, qui s’est déroulée sur un front de plus de vingt-cinq kilomètres. C’est, dit-il, le 25 septembre à 9 h 15, heure fixée, que l’assaut fut donné, après une préparation d’artillerie de trois jours. En fin de journée, nous étions arrivés au nord de Souain et au nord de Perthes, au contact de la deuxième position allemande, qui s’appuie sur la butte de Souain et la butte de Tahure.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

 Cardinal Luçon

Samedi 2 – Nuit tranquille à Reims, sauf quelques gros coups de canons à rares intervalles. Aéroplanes matin et soir. Grosse canonnade au loin. Réponse à M. Hiati.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Samedi 2 octobre

Nous progressons en Artois. Après avoir repoussé deux contre-attaques allemandes dans le bois de Givenchy et à la cote 119, nous avons gagné du terrain à Givenchy, fait 61 prisonniers et délivré des Français que l’ennemi avait capturés.
Canonnade et fusillade au nord de l’Aisne, près de Soupir.
Une contre-attaque allemande a été brisée net près de Maison-de-Champagne. Un coup de main entre Auberive et l’Épine de Vedegrange nous a permis d’enlever de nouvelles mitrailleuses et une trentaine de prisonniers. Les Allemands ont dirigé sur quelques-unes de nos nouvelles positions un bombardement intermittent auquel nos batteries ont efficacement répondu.
Un bombardement de nos tranchées en Argonne, au nord de Houyette, a été enrayé par un tir de représailles.
Nous avons canonné a longue distance des trains en gare de Vigneulles-les-Hattonchâtel et provoqué de violentes explosions. Les Allemands ont lancé, à longue portée, des obus sur Verdun et Nomény.
Notre dirigeable Alsace a bombardé Amagne-Lucquy, la gare d’Attigny et celle de Vouziers. Il est rentré à son port d’attache.
Sur le front belge, combat d’artillerie.
Les Russes considèrent que la nouvelle offensive dirigée sur leur front par Hindenburg a totalement échouée. En tout cas, ils redressent leurs lignes dans la région de Dwinsk, et les journaux allemands reconnaissent qu’ils ont progressé sur plusieurs points.
La situation est devenue très grave da
ns les Balkans.

Source : la Grande Guerre au jour le jour


 

Samedi 2 octobre 1915 - Le Courrier donne également aujourd'hui une courte rela­tion de la bataille de Champagne