Louis Guédet
Vendredi 6 août 1915
328ème et 326ème jours de bataille et de bombardement
6h soir Nuit calme, journée de même, à part le bruit formidable de quelques torpilles lancées cet après-midi ! Temps lourd et orageux, fort déprimant. Passé ma journée à écrire et à recevoir pas mal de monde pour actes et justice de Paix. Je suis fort triste… et de plus en plus à cause de ma pauvre femme dont les lettres sont navrantes de tristesse. Pourrons-nous encore résister longtemps à ces épreuves, c’est trop pour les mêmes épaules !
Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils
Cardinal Luçon
Nuit tranquille. Visite à Rœderer avec M. Camu. Reçu une lettre du Général d’Urbal (1). Visite du Père Dargentin.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Général d’Urbal. Ce cavalier d’origine a commandé devant Arras en octobre 1914 n corps d’armée provisoire, puis le 33e Corps d’Armée, puis la VIIIE Armée devant Ypres en novembre, enfin il sera à la tête de la Xe Armée en Artois pendant le offensives de mai et de septembre 1915
Juliette Breyer
Vendredi 6 Août 1915. On fait des travaux de défense tout autour de la ville. Si tu voyais, surtout chez Pommery… On y a installé aussi un poste téléphonique. Nous sommes entourés de canons. Le jour où l’attaque sur Reims va reprendre, qu’est-ce que nous entendrons !
Que ce soit vivement et que je te retrouve.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
Il est possible de commander le livre en ligne
Vendredi 6 août
Grandes séances à la Chambre et au Sénat français, où a été lu le message du Président de la République, pour l’anniversaire de la guerre. MM. Deschanel et Dubost ont également prononcé des discours.
Combats d’artillerie en Artois, autour de Souchez, et à Tracy-le-Val et Vailly (vallée de l’Aisne); fusillade et jets de bombes en Argonne; attaque allemande enrayée sur les Hauts-de-Meuse, au Bois Haut; bombardement en forêt d’Apremont. Combats acharnés dans les Vosges, le long de la Fecht (Lingekopf, Schratzmaennele, etc.). L’ennemi est chassé d’un de nos blockhaus dont il s’était momentanément emparé : il subit de grosses pertes.
Le bruit court que les Allemands sont entrés dans Varsovie, mais le communiqué russe ne fait pas mention de cette opération. Il signale, par contre, un très gros échec infligé aux ennemis sur la rive droite de la Wieprz.
D’éloquents discours ont été prononcés en Angleterre, à propos de l’anniversaire de la guerre, en particulier par M. Balfour, premier lord de l’amirauté.
Les Autrichiens sont encore une fois repoussés dans le Carso devant le Monte Sei Busi.
Des télégrammes sont échangés entre le roi d’Angleterre et M. Poincaré.
Source : La guerre au jour le jour