Reims, le 16 juillet 1915
Bien chers amis,
…
Je suis heureux de vous savoir tous en bonne santé.
Je vais bien pour l’instant et espère qu’elle continuera à être bonne.
Comme autres nouvelles, c’est toujours la même chose et certes la guerre n’est pas finie et l’avenir reste toujours sombre, mais vers novembre si cela dure encore il y aura beaucoup de déserteurs car un autre hiver est faisable seulement.
Ceux qui comme moi en passeraient deux sont certains qu’ils casseront leur pipe car ce n’est pas rien, manque de sommeil, couché sur la… (?) … Ah là la, puis à tous les temps.
Vivement la paix, que nous perdions ou gagnons. Voilà le cri de nous tous.
Bien le bonjour à tous les amis et sans oublier Mlle Fany, il me semble percevoir à travers l’espace son mignon sourire.
Et les pêcheurs, prennent-ils mes chères brèmes ? J’espère bien qu’il en restera quelques unes pour moi à mon retour.
Recevez mes bonnes salutations.
291e d’Infanterie – 23e Compagnie – Secteur 99
Hélas, cette carte était assez difficile à déchiffrer, le premier tiers n’est donc pas retranscrit ici car incompréhensible.
Il semble cependant évoquer des problèmes de permissions, qui seraient accordées à des sous-officiers et des soldats de l’active non mariés, et refusées à des mobilisés mariés et chargés de famille !
Quant au recto de cette carte postale, il représente l’Usine Lelarge, incendiée et bombardée par les Allemands.
L’usine se trouvait au 11 boulevard Saint-Marceaux, les bureaux au 12 de la rue des Trois Raisinets (carte ci-dessous, datée de 1914).
Et à titre anecdotique, voici une CPA stéréoscopique de l’usine Lelarge, avec un cadrage identique à la première carte, mais inversée horizontalement.