Paul Hess
Vers 4 h 1/2 des explosions me réveillent.
J’écoute, cherchant à entendre le moteur de l’aéro qui, je le suppose, fait déjà sa tournée et dont il y aurait à craindre le passage au-dessus. Je ne perçois que des sifflements qui se rapprochent ; c’est un bombardement et les obus tombent assez dru. Je me lève ; cela dure une demi-heure environ. En arrivant à 9h, à l’hôtel de ville, j’apprends que le rapport de police mentionne dix-huit obus incendiaires parmi ceux envoyés ce matin ; le pompiers ont eu à courir de tous côtés.
A 11 heures, nouvelle série d’obus incendiaires. Une boulangère qui vient faire établir son compte de farine, au bureau, nous apprend qu’il y a le feu rue du Cloître. J’y vais aussitôt que je puis m’échapper et, en y arrivant, je vois les pompiers manœuvrant chez mon beau-frère P. Simon-Concé, mobilisé et dont la famille est absente ; ils se sont installés dans sa cour, au n° 10, pour combattre un incendie allumé par un obus dans l’ancien immeuble du Courrier de la Champagne, rue Robert-de-Coucy, mitoyen par l’arrière, avec sa maison. Leur intervention a empêché le sinistre de prendre des proportions inquiétantes ; en peu de temps, tout est terminé.
Ce jour également, la bonne de la maison Lallement, 9 rue du Cloître, éteint elle-même un commencement d’incendie causé par un 150 incendiaire, dans cet immeuble dont elle assure la garde.
Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos
Cardinal Luçon
Mardi 20 – Nuit tranquille pour nous. 5 h ½ à 6 h, bombardements violents sur divers points. 11 h bombardement sur la ville. Une bombe incendiaire (1) tombe dans la rue. Nous sortions du Conseil. Je l’ai vue encore flambante : elle contenait des bougies… Ephrem et moi nous l’avons éteinte et extraite. Une jeune homme de 15 à 18 ans qui travaillait sur la toiture, descendit et prit quelques-unes de ces bougies. Une bombe incendiaire est tombée sur le chœur de l’église Saint-Jacques, à 5 h du matin. Bombes à midi. Bombes à 3 h. Aéroplane à 9 h.
Visite de trois soldats, bombes à 12 ½, à 7 h ½.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Mardi 20 Avril 1915.
Aujourd’hui bombardement depuis trois heures du matin jusqu’à neuf heures du soir. Commencement d’incendie chez Louvet, marchand de café. Je suis encore sortie. Vois-tu, les bombes ne me touchent pas.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
Il est possible de commander le livre en ligne
Renée Muller
le 20, il se passe quelque chose de louche
Renée Muller dans Journal de guerre d'une jeune fille, 1914
Voir la suite sur le blog : Activités de Francette: 1915 : janvier à juillet : 2e carnet de guerre de Renée MULLER
Mardi 20 avril
L’aviateur Garros a dû atterrir en Flandre, à Ingelmunster: il a été fait prisonnier.
La bataille des Carpates est momentanément suspendue. Jusqu’ici, les Russes ont capturé 70.000 Austro-allemands, 30 canons et 200 mitrailleuses. Des renforts bavarois sont arrivés vers Cracovie.
La canonnade a recommencé dans les Dardanelles.
L’Autriche et l’Allemagne ont rappelé, par mesure de prudence, ceux de leurs vapeurs qui se trouvaient dans les eaux italiennes.
De nouvelles émeutes de la faim ont eu lieu en Autriche, spécialement dans le Trentin.
La Gazette de Francfort évalue les frais de la guerre, au 1er avril, pour tous les belligérants réunis à 42 milliards.
Source : la Grande Guerre au jour le jour