Cardinal Luçon
Nuit comme les précédentes : canonnades et bombes par intervalles.
Visite du Lieutenant Millac, avocat à la Cour d’Appel de Paris.
Visite au Dr Simon, qui m’a soigné dans mon indisposition du 25 février au 2 ou 3 mars.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims
Hortense Juliette Breyer
Mardi 16 Mars 1915.
Aujourd’hui pas grand-chose à te dire. J’ai été toucher l’allocation que l’on me devait des mois d’août et septembre, donc 101 francs. Et tu sais, on touche cela tout là-bas au pont d’Epernay, mais ça me fait une promenade. Les Allemands, contrairement à leurs habitudes, n’ont pas bombardé ; donc attention pour la nuit.
Hier il y a eu deux personnes grièvement blessées rue Grandval. C’est pour cela que demain matin j’irai de bonne heure chez ta maman, leur dire bonjour et voir le parrain Jean-Pierre car il ne va pas bien du tout.
Je te quitte mon Charles, aussi triste qu’hier. Je t’envoie tous mes baisers.
Ta petite femme Juliette.
Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)
Il est possible de commander le livre en ligne
En savoir plus sur le site :
Exposition du centenaire de la guerre 14-18 à Warmeriville
Exposition Centenaire de la guerre 1914 – 1918 organisée par la commune de Warmeriville (Marne)
Mardi 16 mars
Dans la région de Lombaertzyde, nous bombardons les ouvrages ennemis et nous infligeons des pertes aux allemands qui tentaient de reprendre un fortin. Au sud d’Ypres, l’armée anglaise qui s’était repliée au deçà de Saint-Eloi a réoccupé cette localité. Au nord d’Arras, nous avons enlevé trois lignes de tranchées à Notre-Dame-de-Lorette et fait une centaine de prisonniers. De même plus au sud, vers Ecurie-Roclincourt, nous avons pris l’avantage en faisant sauter plusieurs tranchées.
Dans la région d’Albert, une contre-attaque allemande a finalement échoué. Nous avons décimé deux compagnies ennemies dans la vallée de l’Aisne, près de Nouvron. En Champagne, nous réalisons de nouveaux progrès près de Souain et de Perthes. En Argonne, après avoir livré deux offensives, nous démolissons un blockhaus, près de Bagatelle; entre le Four-de-Paris et Bolante, deux attaques ennemies sont arrêtées. Nous progressons à Vauquois. Du côté de Pont-à-Mousson, nous gardons également la supériorité.
Le croiseur allemand Dresden a été détruit près de Juan-Fernandez, au large du Chili, par une division britannique.
La France et l’Angleterre ont publié leurs décrets réglementant le blocus naval.
L’armée russe a progressé sur tout le front de Pologne, et l’artillerie d’Ossowietz a démoli plusieurs des pièces allemandes de siège. Les troupes russes ont également gagné du terrain dans les Carpates et en Galicie orientale.
Le Parlement italien, à la quasi-unanimité, a adopté les mesures proposées par M.Salandra contre l’espionnage et contre les indiscrétions de presse.