Cardinal Luçon
Nuit tranquille. Visite à Prouilly, à l’armée réunie dans l’église, puis à Pévy. Allocation dans chaque église. J’étais venu dans une voiture que conduisait M. Berger, Conseiller Général.
2 h ½ réunion à l’église de Prouilly. Beaucoup de soldats et d’officiers, de prêtres-soldats, de paroissiens. Réunion d’une trentaine d’émigrés ou réfugiés.
Visite à Pévy, vers 4 h ¾ : 600 soldats ; toute l’église remplie par eux seuls. Serré la main aux têtes des bancs : tous la tendent pour serrer la mienne. J’en ai vu pleurer. Le Général Franchet d’Esperey me fait ramener à Reims en automobile. Rentré vers 6 h.
Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
Nouveau bombardement d’Arras avec des obus de tout calibre. Un commencement d’incendie a été rapidement éteint. Nos pionniers progressent à la Boisselle. En Argonne, jets de bombes de part et d’autre. En Alsace, nos gains sont caractérisés. Nous avons atteint le sommet de l’Hartmannsweilerkopf, après une action de plusieurs jours, puis occupé une partie des flancs que nous ne tenions pas encore, en faisant des prisonniers. Les pertes ennemies sont considérables. Nous avons abattu un avion allemand qui survolait la région de Manonvillers et capturé le pilote et l’observateur.
Les Russes ont poursuivi leurs avantages dans les Carpathes et fait à nouveau 1700 prisonniers. Ils ont refoulé toutes les attaques dirigées contre eux sur le versant hongrois. D’autre part, tout un corps d’armée allemand, décimé et exténué, a dû abandonner ses positions dans la région du Niémen.
L’Allemagne a prescrit une enquête sur les incidents de la guerre navale qui avaient irrité la Hollande. Celle-ci a formulé toutefois une nouvelle demande d’explications.
Les amiraux ont tenu un grand conseil au Dardanelles où le bombardement a recommencé. On est à la veille, croit-on, de l’action décisive.
L’armée serbe réorganisée et reposée, est prête à reprendre l’offensive.