Louis Guédet

Mardi 26 janvier 1915

136ème et 134ème jours de bataille et de bombardement

8h3/4 soir  Les allemands m’ont laissé dormir à peu près tranquillement ma nuit commencée avec un bombardement qui a démoli pas mal de maisons, rue Thiers, de la Renfermerie, des Consuls. Ce n’était que des shrapnells, mais çà a fait du dégât.

Journée douloureuse pour moi à cause de mon Jean qui passait la révision aujourd’hui. Angoisse que n’a pu atténuer ma proposition à l’ordre du jour (Livre d’Or des civils) faite au Garde des Sceaux par M. Bossu, Procureur de la République à Reims. J’y suis d’autant plus sensible que notre Procureur n’est pas un « gâteux », loin de là ! J’ai fait mon Devoir, on veut bien le reconnaitre, çà me suffit. Et d’autant plus que je n’ai rien fait pour obtenir cette faveur ! Mes enfants pourront lever haut la tête ! Encore une fois de plus.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Nuit tranquille pour la ville. Canonnade et fusillade française toute la journée. Récit de M. l’Archiprêtre sur le voyage de Mgr Baudrillart, à Rome.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Eugène Chausson

26 – Mardi. Même temps et comme hier, canonnade et bombardement jour et nuit.

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy


Mardi 26 janvier

Progression de nos troupes, en Belgique, à l’est de Saint-Georges; canonnade sur presque tout le front, de la Lys à l’Oise. Une contre-attaque ennemie est repoussée à Berry-au-Bac, sur le front de l’Aisne, où nous conservons toutes les tranchées disputées. Nous démolissons des ouvrages en Champagne; nous arrêtons, par le tir de nos batteries, une fusillade en Argonne (bois de la Grurie); nous détruisons, à Saint-Mihiel, les ponts construits par les ennemis; enfin à Emberménil, près d’Avricourt, en Lorraine, nous capturons un détachement bavarois.
Les communiqués russes indiquent que la guerre de tranchées continue en Pologne; ils confirment la concentration des troupes austro-hongroises à la lisière commune de la Bukovine et de la Transylvanie.
Une autre concentration austro-allemande s’effectue à la frontière serbe, ce pays semblant destiné à subir, à bref délai, un nouvel assaut.
L’empereur François-Joseph a déclaré qu’il abdiquerait plutôt que de céder le Trentin. Les manifestations en faveur de la guerre se multiplient en Italie, chez les radicaux et chez les révolutionnaires.
La Grèce et la Bulgarie prennent de nouvelles précautions militaires.
Les hangars d’Essen ont fortement souffert du jet des bombes alliées.
Un attentat a été commis à Constantinople contre von der Goltz.
Les communications viennent d’être rendues plus rapides entre l’Occident et la Russie par l’ouverture du tronçon ferré Tornéa (Suède) à Karungi (Finlande).

 

Source : La Grande Guerre au jour le jour