Paul Hess

Une engagement sérieux a dû avoir lieu pendant la nuit, comme hier déjà, du côté de Cernay, car les mitrailleuses, la fusillade et le canon n’ont pas cessé de se faire entendre.

– Bombardement dans l’après-midi, vers le faubourg de Laon, où il y a encore des victimes – femmes et enfants. Sur le soir, plusieurs obus tombent rue des Consuls et rue Jovin.

Après 18 h, des projectiles tirés par certaines de nos pièces, passent au-dessus de la ville.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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Avenue de Laon – CPA : Pierre Fréville, Amicarte51

Cardinal Luçon

Mardi 22 – Nuit tranquille, sauf vers minuit : bombes ou canons français ? Bombes vers 10 h du matin ; et canonnade à 11 h du soir. Violente canonnade de 3 h à 7 h après-midi.

Visite de M. Bazin.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Eugène Chausson

22 Mardi – Même temps que la veille, Canonnade, bombes jour et nuit.

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy


Mardi 22 décembre

Les opérations de nos troupes apparaissent dans l’ensemble beaucoup plus actives : en Flandre progrès près de Lombaertzyde, de Saint-Georges, de Bixschoote et de Zwartelem; l’ennemi se venge, il est vrai, en bombardant une fois de plus Ypres à longue distance.
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, prise par nos troupes d’un bois près d’Aix-Noulette; dans cette région, entre Béthune, la Bassée et Lens, toute une série de tranchées allemandes sont tombées entre nos mains. Ici encore l’ennemi se venge en bombardant à nouveau Arras.
Dans la Somme, nos gros canons font taire ceux des Allemands et bouleversent leurs tranchées.

Autour de Reims et dans le reste de la Champagne, la supériorité de notre artillerie s’exerce également. En Argonne nous n’avons pas conquis moins de 1200 mètres de tranchées. Dans le bois devenu fameux de la Gruerie, où les ennemis sont formidablement retranchés, et où le combat continue depuis de longues semaines, nous avons fait exploser quatre sapes minées, et nos soldats se sont installés dans les excavations.
Progrès également sur le versant oriental de l’Argonne qui fait face à Saint-Mihiel.
Au nord de Verdun, sur la rive droite de la Meuse, nous avons gagné du terrain dans le bois de Consenvoye et ce mouvement, dont les journées suivantes préciseront la portée, est des plus significatifs.
Enfin, au sud de Verdun, dans les Hauts-de-Meuse, nos avant-postes ont également progressé près du fort Troyon.
Les autorités allemandes établies à Bruxelles ont forcé les neuf provinces de Belgique à constituer des délégués qui ont siégé en commun et envisagé la levée d’un tribut de guerre de 480 millions. Ce tribut devrait être acquitté en douze paiements.
Les Russes poursuivent les Allemands dans la Prusse orientale, après avoir culbuté toutes leurs défenses entre Mlava et Soldau. Toutes les attaques dirigées à nouveau par von Hindenburg sur la ligne de la Bzoura, à la gauche de la Vistule, ont été rejetées avec des pertes considérables pour lui. L’état-major russe signale encore un succès dans la Galicie occidentale sur la Dounaietz et un autre près de Przemysl. Il annonce que des renforts puissants viennent d’arriver aux généraux du tsar en Galicie.
L’armée russe du Caucase a décimé les troupes ottomanes dans la région de Van (Arménie).
L’ambassadeur d’Autriche-Hongrie à Rome, le baron Macchio, a été rappelé temporairement par le comte Berchtold. On interprète de façons très diverses ce déplacement, et d’aucuns prétendent qu’il y aurait des dissentiments entre l’Allemagne et l’Autriche.
Les négociations progressent entre les gouvernements roumain et bulgare, en vue d’un accord balkanique.
Le prince Troubetzkoï, envoyé russe en Serbie, a présenté ses lettres de créance au prince héritier Georges. Tous deux, dans leurs allocutions, ont fait allusion à la nécessité de maintenir la paix entre les États des Balkans.
D’après un journaliste italien, la défaite autrichienne en Serbie a pris le caractère d’une humiliante débâcle. L’armée du général Potiorek a abandonné ses canons, ses fusils, ses approvisionnements.

Source : La grande Guerre au jour le jour