Cardinal Luçon

Dimanche 16 – Visite de M. et Mme Becker.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Dimanche 16 mars

La commission des responsabilités de la Conférence de la paix a établi son rapport qui relève toute une série de faits criminels à la charge des empires centraux et qui prévoit de lourdes sanctions. Elle défère les criminels soit aux tribunaux nationaux, soit, à un tribunal supranational.
Le secrétaire de la Conférence a fait savoir aux organisations féminines que leurs délégués seraient entendus par les commissions.
Cottin, le libertaire qui avait tiré plusieurs coups de revolver sur M. Clemenceau a été condamné à mort à l’unanimité par le conseil de guerre.
L’ordre à Berlin reste précaire. Les fusillades d’insurgés y continuent. Un mouvement se manifeste dans la région de Cologne, en faveur de la création d’une république occidentale allemande.
Les conférences de Bruxelles au sujet de la livraison de la flotte allemande et du ravitaillement de l’Allemagne ont duré deux jours. L’amiral Weymiss ayant posé nos conditions, elles furent transmises à Weimar. Le gouvernement d’Ebert a totalement capitulé.
Le gouvernement de l’Autriche allemande s’est constitué avec quatre socialistes et trois chrétiens-sociaux.
M. Pralon, consul général de France, a été envoyé comme chargé d’affaires à Varsovie.
De violents combats ont lieu aux frontières polonaises.
On annonce la publication des traités secrets sino-japonais. L’attitude de Tokio vis-à-vis de Pékin est devenu extrêmement délicate.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

Le document du haut montre les diverses phases de l’attentat : c’est du point 1 que Cottin a tiré sur la voiture de M.Clemenceau, alors engagée dans la rue Franklin, à quelques mètres de son point de départ. La première balle traversa les deux glaces des portières. Du point 2, Cottin tira deux balles qui atteignirent les glaces du devant, alors que l’auto prenait le boulevard Delessert; le chauffeur fut blessé par des éclats de verre. Du point 3, Cottin tira sept balles qui atteignirent l’arrière de la limousine et dont trois blessèrent M. Clemenceau. En bas, de gauche à droite : 1° le chauffeur Conjat; 2° les traces de balles sur le devant de l’auto; 3° les sept balles de l’arrière; 4° l’agent Goursat, blessé à la joue droite.