Louis Guédet

Mardi 16 avril 1918                                                       

1313ème et 1311ème jours de bataille et de bombardement

2h soir  Temps gris, maussade. Courrier assez volumineux. Lettre du Président Hù m’envoyant le procès-verbal de ma nomination de Chevalier avec le reçu de la croix. Signé et renvoyé. Il me dit dans sa lettre que Reims est fortement saccagé ! Rue Carnot, des 2 Anges, Talleyrand, Palais de Justice, etc… Tout cela serait brûlé, Porte de Paris, le haut de La Haubette et une partie de Courlancy, Mencière seraient démolis. Tout cela me tue. Reims n’existera plus et ne se relèvera jamais de ses ruines. Demain je vais probablement conduite André à St Etienne et pousser jusqu’à Épernay prendre différents dossiers de valeurs à mettre en ordre et pour toucher les coupons.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mardi 16 – Dit messe. Arrivée des Sœurs ; de Mgr Neveux, de M. Compant, pour parier d’Hautvillers. Dans la nuit de 12 h. 30 ä 2 h, 4 bom­bes du canon à longue portée. Visite de Madame la Comtesse de Barral. A 5 h. ou 6 h., un obus allemand fait exploser à Paris une fabrique de… 13 morts, 45 blesses. Nuit tranquille. Relu télégramme. Prolongation obtenue ; auparavant écrit au Cardinal Gasparri.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Cardinal Gasparri

Mardi 16 avril

Dans la région de Hangard, nous avons effectué une opération de détail qui a parfaitement réussi et nous a ramené une dizaine de prisonniers.
Le nombre des prisonniers que nous avons faits dans ce secteur depuis quatre jours est de cent cinquante.
Entre Montdidier et Noyon et en Champagne, au sud du mont Têtu, plusieurs coups le main nous ont permis également de ramener des prisonniers.
Sur le front britannique, le combat a continué avec acharnement autour de Neuve-Eglise. Après avoir rejeté de nombreux assauts, nos alliés ont dû se replier en arrière du village.
L’ennemi a déclenché de vigoureuses attaques sur de nombreux points du front de bataille, de la Lys, au nord-ouest de Merville.
L’infanterie allemande a été rejetée avec de lourdes pertes. Des éléments avancés, sur la berge nord du canal de la Lys, ont été pris sous le feu anglais. Sept attaques ont été lancées infructueusement dans le secteur de Merville. La ligne britannique, qui avait légèrement fléchi, a été rétablie.
A l’est de Robecq, nos alliés ont fait cent cinquante prisonniers.
Le comte Czernin, ministre des Affaires étrangères d’Autriche-Hongrie, a donné sa démission.

Source : La Grande Guerre au jour le jour