Louis Guédet

Mercredi 25 juillet 1917

1047ème et 1045ème jours de bataille et de bombardement

6h1/2 soir  Beau temps lourd. Nuit assez calme, avec combats. Travaillé d’arrache-pied pour mettre mon courrier à jour, je n’y arriverai qu’après-demain, car demain j’ai ma journée prise par 2 inventaires avec Dondaine. Sorti jusqu’à la Mairie où j’avais à faire. Vu le Commissaire Central, charmant !!! Vu Houlon, remis de ses 2 blessures du 14 juillet, il l’a échappé belle !! Il pouvait a rester, c’est place des Loges Coquault qu’il a été boulé par un obus. Bref rien de grave. Causé longuement avec lui, il a la même opinion que moi sur (rayé) qu’il considère comme le type du parvenu (rayé) personnel autoritaire, pas de cœur, et ne cherchant qu’à tirer son épingle du jeu. Il me contait qu’aussitôt le (rayé).

Le feuillet suivant a été supprimé.
Deux lettres sont réunies dans une enveloppe :

Première lettre :

Tribunal civil de Reims                                                        Le Président
Adressé à :
Monsieur Louis Guédet                                                       Juge de paix suppléant Reims
Justice de Paix des 2ème et 4ème Cantons de Reims           Cabinet du Juge
Mention en marge : « séquestre L. de Bary »

Reims, le 24 juillet 1917

Mr Cap. Demarin  Lt Corait
Pillages – Photographies
Pillage cave Louis de Bary 17, rue Lesage

Le capitaine Demarin, 3ème génie, 43 avenue de Laon – Reims – a défendu et refusé à Olive Tangre, gardien des caves l’entrée de l’immeuble 17, rue Lesage et l’a empêché d’entrer chez lui, le menaçant s’il insistait de la faire arrêter par 2 hommes et de l’incarcérer à la place quand Tangre lui a dit qu’il y avait des soldats qui pillaient dans les caves de l’immeuble séquestré. Le capitaine lui a refusé de l’accompagner pour chasser et arrêter les pillards qui étaient au nombre de 4. Tangre voulait y aller avec 2 de ses camarades, et a même proposé au capitaine de lui confier 2 soldats pour les faire partir. Refus catégorique de l’officier et menace d’arrestation. Ceci se passait fin mai, commencement juin 1917.

Escalade de l’imprimerie L. de Bary 17, rue des Fusiliers, le 16 ou 17 juillet 1917, par le lieutenant Dubourit, officier typographe, 157ème d’infanterie (en fait le 152ème RI), 34ème Corps, avec une échelle demandée à des voisins, pour visiter en passant par une fenêtre l’immeuble et choisir ce qu’il voulait réquisitionner ou prendre, ou…  voler. Il était accompagné d’un soldat.

A la suite de cette escalade il a réquisitionné (?) le 18 juillet 1917 une presse lithographique et des accessoires. Bon de réquisition du 18 juillet 1917 n°13, ordre et feuillet n°13.

Photographies de femmes prises par le lieutenant Corait T.S.F. avec le capitaine Demarin, 3ème Génie, 47, avenue de Laon qui a les clichés.

Ces photos m’ont été remises le 24 juillet 1917 8h le soir par Olive Tangre qui m’en avait parlé, et à qui j’avais demandé de me les procurer comme documents contre Demarin et pour prouver ce qui m’avait été dit et dont certaines personnes doutaient.

Signature de Louis Guédet

Seconde lettre

Tribunal civil de Reims                                  Le Président
Mention en marge : « Philippoteau »
Épernay, 28 juillet 1917

Mon cher maître,

Je vous retourne la pièce comme unique avec la légalisation de votre signature. J’y joins un mot du Procureur en réponse à la question que vous me posiez.

En y réfléchissant j’estime que c’est au général commandant d’armée, c’est je crois la Vème à Reims, qu’il y aurait lieu de signaler les vols commis à la maison Louis de Bary et non au général de division résidant à Reims qui pourrait peut-être étouffer l’affaire. Bien entendu Cornez nous a exposé des faits en citant le nom des témoins qui peuvent déposer, et les noms et numéros des poilus en cause. Indiquez que partie seulement de cette succession est mise sous séquestre.

Nous sommes bien attristés du décès de ce pauvre Martin. Evitez vous aussi les imprudences. Je pars demain soir à Paris. J’y séjournerai 3 ou 4 jours puis je me rendrai à Bar-sur-Seine où vous pourrez m’écrire le cas échéant. J’y suis très connu.

Bien cordialement à vous.

Signature en bas de la lettre

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Paul Hess

25 juillet 1917 – Canonnade très nourrie, au cours de la nuit dernière, suite d’une attaque allemande.

A 18 h 1/2, se déclenche le roulement d’une nouvelle canonnade formidable, paraissant donner du côté de Berry-au-Bac et se prolonge jusqu’à 20 h.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos


Cardinal Luçon

Mercredi 25 – + 17. Nuit tranquille près de nous. Activité d’artillerie autour de Reims, surtout de 2 h. à 9 h. Item de 10 à minuit.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Mercredi 25 juillet

Les attaques allemandes, accompagnées de violents bombardements, ont continué sur les plateaux en avant de Craonne.
Aux Casemates, l’ennemi, qui avait réussi à pénétrer dans notre première ligne, et qui a été contre-attaqué avec vigueur, n’a conservé qu’une faible partie du terrain conquis.
Sur la Californie, les Allemands ont subi un échec. Malgré tous leurs efforts, ils n’ont pu nous déloger du plateau. Nos troupes ont repoussé toutes les tentatives dirigées sur notre tranchée de soutien, que nous occupons en entier.
La ville de Reims a reçu 850 obus.
Une attaque allemande au nord-ouest du mont Cornillet a été brisée après un vif combat.
Une pièce allemande à longue portée a tiré une centaine d’obus dans la direction de Nancy. Pas de victimes, dégâts insignifiants. En représailles, nous avons exécuté un tir efficace sur les usines de Château-Salins.
Les Anglais ont effectué avec succès une opération au sud d’Avion. Ils ont fait de nombreux prisonniers. Ils ont opéré d’autres coups de main au sud d’Havrincourt, aux abords de Bullecourt et d’Hollebeke.
Les Russes ont attaqué l’ennemi dans la direction de Vilna. Ils ont pénétré de 3 verstes dans les positions allemandes et fait 1000 prisonniers. Mais les Austro-Allemands ont repris quatre villages en Galicie.
Les Anglais ont attaqué les Turcs près de Gaza et remporté un succès. Ils ont, à Bersbela (Syrie), repoussé la cavalerie ottomane.

Source : La Grande Guerre au jour le jour