Louis Guédet

Lundi 19 février 1917

891ème et 889ème jours de bataille et de bombardement

9h1/2 soir  Temps brumeux de dégel, mais avec déjà des velléités printanières. Pas un coup de canon, un coup de fusil. C’est étrange. Je me croirais à St Martin…  Occupé dès la première heure de ma voiture pour l’enterrement de ce pauvre et cher ami Lefebvre, d’une couronne et de ma valise. Recherché dans la cave de la Chambre des notaires les registres des déclarations pour une documentation pour les quelques mots à dire sur la tombe au nom de la Chambre et de la Cie. Topo que je prépare à tout hasard. Préparé ledit laïus cet après-midi et mis au point…  Je suis éreinté de fatigue et d’émotion de cette mort. Je n’ai peu ou pas dormi de la nuit… Dondaine m’accompagnera et nous partirons en voiture d’ici à 6h1/2 du matin pour arriver à 10h. J’aurai le temps de me restaurer et de savoir ce qui est décidé pour les obsèques. J’espère pouvoir rentrer le soir, à tout hasard je prendrai de quoi coucher… Ce sera une diversion pour moi et une certaine poésie de revoir les lieux et paysages que je n’ai pas revus depuis bientôt 2 ans. A que je serai heureux de prendre des notes et de chanter ma joie amoureuse de la plaine et la campagne champenoises, si languissante et si prenante, crispante même comme lorsqu’on chatoie la robe de soie de la femme aimée ! adorée !

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Lundi 19 – Nuit tranquille, + 3°. Journée paisible ; rendu visite au Général Duplessy à Courlancy, à Sainte-Clotilde, au dispensaire. Reçu visite du Capitaine Saclier et de 2 ou 3 aumôniers.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Sainte-genevieve


Lundi 19 février

Rencontres de patrouilles sur plusieurs points du front, notamment dans les secteurs de Troyon, des Chambrettes et au nord-ouest de Badonviller.

Au bois Le Prêtre, un de nos détachements a pénétré dans la tranchée ennemie et détruit les ouvrages et les abris de l’adversaire. Un coup de main ennemi a échoué sur une de nos tranchées, au nord de Saint-Mihiel.

Les Anglais, grâce à des opérations heureuses, ont réalisé une nouvelle et importante progression sur les deux rives de l’Ancre. Au sud de la rivière, ils ont enlevé les positions allemandes en face de Miraumont et de Petit-Miraumont, sur un front de 2400 mètres. Ils ont pénétré jusqu’à plus de 1000 mètres en profondeur dans les organisations adverses.

Au nord de la rivière, ils ont conquis une importante position sur les pentes supérieures de l’éperon, au nord de la ferme de Baillescourt. Une contre-attaque a été rejetée. Les prisonniers recensés chiffrent par 268, dont 6 officiers.

Nos alliés ont atteint les deuxièmes lignes allemandes au sud de Neuve-Chapelle et au nord-est de Ploospeerte, faisant à l’ennemi un grand nombre de morts, détruisant de nombreux abris et une mitrailleuse.

Succès russe en Roumanie; échec allemand près de Dwinsk.

Le Brésil a avisé l’Allemagne qu’il la rendrait responsable si l’un de ses trois navires, partis pour l’Europe, était torpillé.

Source : La Grande Guerre au jour le jour