Louis Guédet

Samedi 6 mai 1916

602ème et 600ème jours de bataille et de bombardement

6h soir  Orage, pluie, vent, beau temps. La nuit passée réveillé vers 2h du matin par le bruit de la bataille vers la Pompelle. Caisse d’Épargne le matin. Reçu lettre de ma chère femme me disant qu’elle avait des nouvelles de Jean par Madame Lagneau (à vérifier) qui est très bonne pour lui. Il avait fait bon voyage. Elle attend avec impatience une lettre de lui. Sorti un peu cet après-midi, mais je marche toujours difficilement. Reçu la visite de Madame (rayé) et de sa fille, elles sont folles. Quelles plaies que ces femmes. Je ne réponds pas à la fille, quand à la mère je lui réponds pour lui faire sentir que je n’ai ni le temps, ni le loisir, ni le cœur d’aller rechercher dans ses armoires les têtes cassées et les costumes de poupées de son petit-fils (rayé) et son jeu de cube ! Il y a vraiment des gens que l’égoïsme rend inconscients. Elle admet que je me fasse tuer pour aller lui retrouver une tête de poupée ! Poupée elle-même. Elle attendra longtemps. C’est honteux.

Demain Dimanche ! Journée longue à passer, surtout ne pouvant sortir, cloué que je suis par mon pied. C’est souffrir bien longtemps comme si mes soucis n’étaient pas suffisants.

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Samedi 6 – Nuit bruyante. Combat violent de 2 h. à 3 h. à Test de Reims. Quelques bombes le matin. + 14°. Reçu lettre de Montréal, qui me promet quête un peu plus tard. Visite du Général Dolot.


Samedi 6 mai

Au sud de la Somme, un coup de main tenté par l’ennemi sur nos tranchées de la région de Cheppy a totalement échoué.
A l’ouest de la Meuse, après un violent bombardement, les Allemands ont lancé une forte attaque sur nos positions au nord de la cote 304. L’ennemi, repoussé sur l’ensemble du front, a pris pied dans quelques points de notre tranchée avancée.
Activité intermittente d’artillerie en Woëvre et à l’est de la Meuse.
La Chambre des Communes a voté le service obligatoire par 328 voix contre 36.
Un zeppelin qui survolait Salonique a été abattu par les canons des flottes alliées. Il est tombé en flammes à l’embouchure du Vardar.
Un autre zeppelin a été abattu par une croisière anglaise sur la côte du Sleswig.
Grande activité d’artillerie sur le front belge. Nous avons endommagé les organisations défensives de l’ennemi.
La réponse allemande a été remise à l’Amérique. Le cabinet de Berlin propose de modifier les règles de sa guerre sous-marine, si l’Amérique obtient de l’Angleterre, l’abandon du blocus.

Source : La Grande Guerre au jour le jour


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