Louis Guédet

Mercredi 29 mars 1916

564ème et 562ème jours de bataille et de bombardement

5h soir  Canon toute la nuit. Journée calme. Temps nuageux et rayé de soleil, glacial. Ce matin allocations militaires. Cet après-midi visite de Mandron père (Adolphe Mandron (1845-1930), notaire honoraire depuis 1908), pour fixer sa prestation de serment comme suppléant de son fils. Ce sera pour demain 11h1/2 dans mon cabinet. Causé de choses et d’autres. Il n’est pas changé. Toujours aussi onctueux. Voilà ma journée. Quand je vois tous ces gens-là qui n’ont pas souffert de la Guerre, cela me serre le cœur et me fait sentir bien plus ma misère et ma malchance ! Pauvre chère petite femme, mes pauvres chers Petits !! Non ! mon Dieu c’est trop nous écraser !! Et aucun espoir de voir des jours meilleurs. Oh ! quelles souffrances. Si encore j’étais seul à souffrir… !!!

7h soir On me dit qu’on a vu dans les rues de Reims le Général Joffre aujourd’hui après-midi, que du reste on avait interdit la circulation des voitures pendant quelques temps dans les grandes artères à cause de lui. Que va-t-il se passer ?? Nous avons cependant déjà assez souffert !!

Impressions, Louis Guédet, Notaire et Juge de Paix à Reims. Récits et impressions de guerre d'un civil rémois 1914-1919, journal retranscrit par François-Xavier Guédet son petit-fils

Cardinal Luçon

Mercredi 29 – Nuit tranquille ; grosses bombes sur les tranchées à plusieurs reprises. Journée tranquille, sauf quelques gros coups de canons et bombes entre batteries, ou sur les tranchées. Écrit aux Évêques pour notre réunion provinciale.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Mercredi 29 Mars 1916 –  Je suis allée ce matin pour voir ta mémère. Elle était déjà dans le cercueil. Nous avons pleuré. Juliette.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne


Cimetière de l'avenue de Laon
Cimetière de l’avenue de Laon

Alfred Wolff

Visite du Président de la République et de toutes les notabilités du grand conseil des nations. Une ? d’autos passe place de l’Esplanade revenant de Pommery sans doute.

Du 3 septembre 1914 au 20 décembre 1916, Alfred Wolff, maître-tailleur spécialisé dans l'habillement militaire, raconte son parcours et ses journées en tant qu'agent auxiliaire de la police municipale. Affecté au commissariat du 2ème arrondissement (Cérès), il se retrouve planton-cycliste et auxiliaire au secrétariat. Il quitte Reims le 25 octobre 1914 pour Chatelaudren (Côtes du Nord), mais reprend son service à Reims le 6 novembre 1915.

Source : Archives Municipales et Communautaires de la Ville de Reims


Mercredi 29 mars

Notre artillerie, dans l’Argonne, a continué à se montrer active contre les organisations ennemies au nord de la Houyette, dans les secteurs de la Fontaine-aux-Charmes et de la Haute-Chevauchée, ainsi qu’en Argonne orientale. Un tir dirigé sur une batterie ennemie du bois de Montfaucon a provoqué une violente explosion. A l’ouest de la Meuse, le bombardement a repris avec violence au cours de la journée sur nos positions depuis Avocourt jusqu’à Béthincourt. Les Allemands ont déclenché une forte attaque sur notre front Haucourt-Malancourt. Ces vagues successives d’assaut ont toutes été repoussées avec de fortes pertes par nos tirs de barrage et nos feux d’infanterie. En Woëvre, notre artillerie a exécutée des concentrations de feux sur les points sensibles du front ennemi. Les Anglais ont repris des tranchées à proximité d’Ypres (Saint-Eloi), en capturant cent soixante-dix prisonniers allemands.

Source : La Grande Guerre au jour le jour