Cardinal Luçon

Vendredi 25 – Nuit tranquille pour la ville, sauf grosse et violente canonnade par intervalles, en particulier vers 3 h. 1/2. Température 0. Neige ; terre gelée. Violent combat au loin. Bataille terrible toute la journée au loin Sud-Est de Reims (1). Via Crucis. Bataille jusqu’à 11 h. 1/2 ou minuit. Canonnade lourde et terrible ; lueurs dans les airs éclairant les nuages ; au loin à l’est et au nord-est ; mais n’éclairant pas jusqu’à la ville.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173
(1) Cette canonnade entendue à Reims est celle du champ de bataille de Verdun ou l’offensive allemande s’est déclenché le 21 février. Le 25 février est le jour de la chute du fort de Douaumont.

Juliette Breyer

Vendredi 25 Février 1916.  Les combats ont repris près de Verdun, violents. Les boches attaquent les forts. Il y a des monceaux de cadavres. Ils se sont emparés du fort de Douaumont et ils bombardent Verdun. Ton parrain est à Méribel. On dit que l’on évacue toute la troupe de Verdun. Par contre à Reims ils ne nous laissent pas de répit. Nous n’osons plus sortir. Leurs obus viennent tomber sur la ville sans arrêt et toujours des victimes.

On m’a fait savoir à la ville qu’il fallait que je fasse une demande pour toucher le secours immédiat, vu que j’avais eu la note officielle de ta mort, secours qui se monte à 150 francs. J’irai car cet argent là, si tu reviens, servira à te soigner. Je n’y toucherai pas.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

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Vendredi 25 février

L’attention se concentre toujours sur la bataille au nord de Verdun. On se bat avec violence sur les deux rives de la Meuse, et sur la rive droite jusqu’à Ornes. Nous avons évacué Brabant-sur-Meuse et nous nous sommes repliés au sud de Samogneux et d’Ornes, les mouvements de repli étant opérés avec une cohésion parfaite. Sur plusieurs points, les offensives allemandes tentées pour nous déloger sont demeurées impuissantes. L’ennemi a laissé partout des monceaux de cadavres. Notre artillerie riposte avec ténacité à l’artillerie adverse.
En Artois, lutte de grenades à l’est de Souchez.
En Champagne, nous avons exécuté une concentration de feux sur les organisations ennemies à l’ouest de Maison-de-Champagne et au sud de Sainte-Marie-à-Py.
En Argonne, tirs de destruction sur les ouvrages allemands à la Fille-Morte.
En Lorraine, nous avons chassé l’ennemi d’un de nos postes avancés du bois de Cheminet, et poursuivi une reconnaissance. Contact de patrouilles près de Reillon.
Deux généraux grecs ont visité notre camp de Salonique en compagnie du général Sarrail.
Canonnade sur tout le front italien; les Autrichiens subissent un échec sur le Haut-Isonzo.
Activité d’artillerie sur le front russe, spécialement dans le secteur Nord.

Source : La Grande Guerre au jour le jour

Neri_bt_18_003_C_Verdun_1916_Un_Blesse - Copie
Source, collection particulière : Patrick Nerisson