Cardinal Luçon

Vendredi 10 – Nuit tranquille. Tempête, pluie et vent. Visite de M. le curé de Merfy. Via Crucis. Photographies des photographes de l’armée44, avec M. Sainsaulieu : place, seuil de l’église, intérieur, et sur le marche­pied de l’autel majeur.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

Juliette Breyer

Vendredi 10 Décembre 1915. Hier je suis allée voir tes parents à Sainte-Anne avec André. Ils habitent maintenant rue de Sacy au N°5. J’avais mis ton coco en culotte. Cela m’a fait de la peine, j’aurais voulu que ce soit toi qui l’y mettes. Il n’a plus de robe ; à cet âge-là ce n’est plus la peine de lui en faire. Ça lui va bien. Tes parents étaient contents.

Quand est-ce la fin ? J’avais repris espoir et je recommence à me décourager.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL
De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

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Vendredi 10 décembre

Canonnade intermittente sur divers points du front. Dans la région de Roye, nous avons exécuté un tir efficace sur une batterie allemande repérée par nous. En Champagne, notre artillerie, poursuivant le bombardement de positions allemandes, a fait sauter un dépôt de munitions au sud de Saint-Souplet.
Nos contre-attaques, à l’est de la butte de Souain, ont continué à refouler l’adversaire, qui ne garde plus qu’une partie de la tranchée évacuée, totalement bouleversée. Nos batteries, par un tir constant, empêchent l’ennemi de s’y établir.
Aux Eparges, lutte de mines. Un groupe de travailleurs ennemis a été enseveli par l’explosion de l’un de nos fourneaux.
L’artillerie anglaise continue, sur divers points du front, à défoncer les réseaux de fils de fer et parapets ennemis. Nos alliés ont fait exploser avec succès une mine à l’ouest de Fricourt.
Les Bulgares ayant attaqué divers secteurs de notre front ont été partout repoussés. Le combat continue en face de notre tête de pont de Gradec, sur le Vardar.
Une escadre autrichienne a bombardé Durazzo, sur le littoral albanais.
Le chancelier allemand a fait au Reichstag une déclaration pleine de propos mensongers. Il a répondu à l’interpellation socialiste qu’il appartenait aux alliés, s’ils le voulaient, de faire des offres de paix.
M. de Romanones a été chargé de constituer un cabinet de nuance libérale qu’il a réussi à former en quelques heures.

Source : La Grande Guerre au jour le jour