Cardinal Luçon

Nuit tranquille sauf quelques coups de gros canons avec riposte des Allemands par quelques bombes, non sur la ville, vers le milieu de la nuit. Forte canonnade pendant la grand’messe. Retraite du mois. 9 h. soir, coups de canons.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. par L’Académie Nationale de Reims – 1998 – TAR volume 173

 

Juliette Breyer

Dimanche 31 Octobre 1915. Ce matin je suis partie mon Charles à 5 heures et demie du matin jusqu’au cimetière de l’Est. J’avais appris qu’il n’y avait pas de sentinelle avant 7 heures ; c’est défendu d’y aller. Il y a des dégâts mais pas tant qu’on le disait. La tombe de mon grand-père est intacte, celle de derrière est complètement rasée. Je suis allée jusqu’aux tombes des soldats. Il n’y en a pas beaucoup. Elles ne sont pas négligées mais il n’y a pas de fleurs ; une croix, deux drapeaux sur chaque tombe et c’est tout.

Le cœur serré, je fixais ces tombes et j’essayais de me représenter la tienne mais je ne puis, mes yeux ne peuvent te voir mort puisque ma conviction est faite que tu es vivant. Ma désillusion sera peut-être grande et ma douleur encore plus. Mais cette espérance est ma raison de vivre.

Dis mon Charles tant aimé, ta toute petite a eu une dent aujourd’hui, la première, un peu tard mais elle n’a presque pas souffert. Bientôt elle aura un an.

Pauvre Lou, quand je me reporte à deux ans en arrière …

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu’elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu’au 6 mai 1917 (avec une interruption d’un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne

 

L'intérieur de la cathédrale
L’intérieur de la cathédrale

 

Dimanche 31 octobre

Violents combats en Artois. Nous progressons à la grenade dans le Bois-en-Hache. Au sud-est de Souchez, les Allemands qui tentaient une attaque dans la région de la cote 140 ont été repoussés par nos tirs de barrage et nos mitrailleuses.
Au nord-est de Neuville-Saint-Vaast, ils ont réussi à réoccuper par surprise quelques éléments de tranchées récemment perdues par eux. Leur progression a été aussitôt arrêtée par les feux de nos tranchées de soutien immédiat.
A l’est du Labyrinthe, les Allemands ont fait sauter une mine à proximité d’une de nos barricades. Mais ils ont été rejetés par notre fusillade de l’entonnoir ainsi creusé.
En Champagne, quatre contre-attaques ennemies ont été enrayées. Une violente canonnade de part et d’autre a suivi.
Sur le front russe, peu d’actions importantes. Toutefois on annonce que les Allemands, à la suite des succès de nos alliés sur le Styr, évacuent Kovel.
Les Bulgares qui essayaient de reprendre Velès ont été repoussés par les Serbes.
La presse roumaine presque tout entière prêche l’intervention aux côtés des alliés.
Le japon a adhéré à l’accord franco-anglo-russe du 4 septembre 1914, s’interdisant par là toute négociat
ion de paix séparée.

Source : la Grande Guerre au jour le jour