Paul Hess

7 janvier – Hier et avant-hier, après les nuits calmes, les obus ont continué à tomber. Aujourd’hui, le bombardement est sérieux toute la matinée.

– Vers 13 heures 45, un appariteur suppléant de la mairie, M. Launois, que j’avais vu à son poste ce matin, est tué rue de Cernay par un obus, en revenant reprendre son service, après déjeuner.

– Rentré ce jour à 19 h 1/2 rue Bonhomme et couché peu après, je suis réveillé à 22 h 1/2 par de terribles détonations de nos pièces d’artillerie tirant de tous côtés, sans discontinuer. Est-ce une attaque générale ?

Nous avions eu des mouvements de troupes dans la journée et nous pouvions nous attendre à quelque chose mais tout de même pas à une action de cette ampleur. Tenterait-on, par hasard, le dégagement de Reims ?

Des projecteurs dont je vois les faisceaux lumineux aller et venir, par le vitrage de la salle à manger où je suis installé, et des fusées, éclairent continuellement le champ de bataille, qui me paraît s’étendre sur tout notre front. Les coups de canon se succèdent, rapides ; par instants, les mitrailleuses et la fusillade s’en mêlent. Le bruit est assourdissant et ne cesse que vers 5 heures du matin, après une nuit véritablement épouvantable, au cours de laquelle je n’ai pas jugé à propos de me relever, puisque aucun sifflement ne s’est fait entendre pour nous. A cette heure seulement le calme revient, les 75, les 120, les 155 se taisant les uns après les autres.

Allons-nous, après cela apprendre une bonne nouvelle ? On s’imaginerait volontiers que les retranchements qui existaient devant notre ville doivent être bouleversés, anéantis, après une pareille débauche de munitions d’artillerie.

 Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

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Cardinal Luçon

Jeudi 7 – Journée ordinaire. Canon et obus.

 Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

Eugène Chausson

7/1 – Jeudi. Toujours du mauvais temps. Canonnade et bombes toute la journée d’une extrême violence, nuit terrible car vers 11 h du soir le ciel était constamment éclairé. Il parait que l’on avait tiré 1500 à 2000 coups de canon sur les Allemands que nous avions pris quelques tranchées la nuit (le 347) reperdus ensuite avec un léger recul. un violent bombardement et violente canonnade avaient eu lieu toute la journée. Le gardien du Musée (Lonois) fut tué par un obus.

 Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet sur le site de sa petite-fille Marie-Lise Rochoy